• - Les changements climatiques : un atout pour la Bretagne et le Gd Ouest ...

    Pour la première fois, un ouvrage dresse l'état des lieux du changement climatique, du Calvados à la Charente. Soixante-dix chercheurs et experts de toutes disciplines ont mis leurs savoirs en commun.

     

    Ce livre est une première. Comment avez-vous travaillé ?

    C'est le fruit du programme Climaster, qui a duré trois ans. Il y avait un besoin d'une vision régionale synthétique des effets du changement climatique. L'originalité vient aussi de son aspect interdisciplinaire qui va de la psychosociologie à l'agronomie, de la climatologie à la prospective... 70 auteurs interviennent, essentiellement du Grand Ouest (Bretagne, Pays de la Loire, Basse-Normandie et Poitou-Charentes). Les agriculteurs, acteurs de l'eau ou gestionnaires territoriaux, sont en demande : qu'est-ce que le changement climatique va produire chez nous ? Va-t-il modifier nos modes de vie ? Comment s'adapter ?

    Quels sont les principaux effets observés ?

    La température moyenne a augmenté de 1°C, depuis les années 1970. Concernant la pluie, c'est moins net. Il n'y a pas d'augmentation moyenne annuelle, mais un changement de répartition : davantage de pluies en hiver et moins en été. Quant aux phénomènes extrêmes (tempêtes, inondations...), les climatologues n'ont pas réussi à lier les variations constatées au changement climatique. Il y a des phénomènes incidents : le niveau de la mer a monté - 1,2 mm par an depuis le XXe siècle - ce qui rend la côte plus vulnérable. Autre effet manifeste : la sécheresse des sols a augmenté d'un bon tiers en soixante ans. C'est un critère déterminant pour la production agricole.

    Quelles conséquences ?

    En Bretagne, il va y avoir un décalage du cycle de la prairie, qui va plus produire en hiver et moins en été. En Poitou-Charentes, ça fait longtemps qu'ils ont fait une croix sur la prairie en été, à cause du manque d'eau. Au niveau national, il y a une stagnation de la croissance des rendements en céréales depuis les années 2000, alors qu'ils augmentaient depuis cinquante ans. Mais il y a aussi des effets positifs. Les collègues d'Angers ont constaté, sur la vigne, un taux de sucre plus important, une augmentation du degré alcoolique du raisin, des récoltes plus précoces.

    Les agriculteurs vont-ils pouvoir s'adapter ?

    L'adaptation est déjà effective. C'est une forte préoccupation chez les agriculteurs qui ne voient pas forcément le changement de façon négative. Ils avancent des dates de semis et de récoltes, ils changent de semences. Certains testent des cultures adaptées à un climat plus chaud. On a observé aussi une plus grande souplesse dans les travaux : le calendrier est moins contraint par le climat. Il y a plus de jours disponibles pour les opérations dans les champs.

    L'eau risque-t-elle de devenir un problème ?

    Dans le Morbihan, les Pays de la Loire, le Poitou-Charentes, l'eau va être le problème central. Jusqu'à présent, on se préoccupait surtout de la qualité de l'eau. Demain, il peut y avoir aussi des problèmes de quantité. Les élus locaux ont une grande demande d'informations. Mais il y a beaucoup d'incertitudes. On manque d'observatoires précis sur le long terme. Par exemple, sur le débit des rivières. Si la pluie augmente de 2 %, les débits vont augmenter de combien ? Les besoins de la recherche ne sont pas faramineux par rapport à ce qu'on investit dans la politique de l'eau. Tout le monde est conscient du changement climatique, tout le monde en parle. Mais il faudrait adapter les moyens à la question.

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