• - Les paysans et leur apport historique ...

    Un article paru dans le Monde, montre le poids de l'agriculture et du monde rural dans les habitudes et l'Histoire. Rien ne sert de s'intéresser aux spécificités du monde rural sans traiter des bienfaits de la campagne.


    N'hésitons pas de nous intéresser à l'Histoire contemporaine et également aux apports de la France dans ce secteur d'activités ancestrales et économiquement historiques.


    A lire et à consulter ...

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    La terre a son histoire, le paysan est son écrivain. A l'honneur de la 15e édition des Rendez-vous de l'Histoire, du 18 au 21 octobre, à Blois, le thème des paysans a nourri les esprits des 25 000 participants, témoins privilégiés de cette France attachée à sa tradition agricole.

    Et pourtant, pièces maîtresses du roman national français, les paysans en tant qu'objet ne dépassent pas un certain savoir de la mémoire, émotionnel et imprécis. Au final, ils restent méconnus, méprisés et accusés de détruire l'environnement. Il fallait donc aller à la rencontre de vrais savoirs sur les techniques paysannes, les modes de vie, l'économie et ses filières. Pari tenu pour les organisateurs de l'événement : les paysans sortent de la mémoire et entrent dans l'Histoire non sans avoir relevé plusieurs défis.

    Tout d'abord, celui du label. Faut-il parler de paysans, d'agriculteurs, d'exploitants agricoles ou d'actifs ruraux ? Est-ce un groupe social, une catégorie ou une civilisation ? Tous les intervenants en conviennent, à commencer par Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture. Il est difficile de fixer une représentation des paysans, car toute définition doit se construire sur la diversité, principe fondateur de ce secteur d'activité au coeur de l'histoire (évolution des techniques), de la sociologie (rapport ville-campagne), de la géographie (aménagement des territoires), de la politique (le vote rural), de l'écologie (respect de l'environnement) et de la mondialisation (nourrir la planète).

    Ensuite, le défi de la méthode : s'intéresser à l'humain dans l'étude des paysans, c'est opter pour une méthode anthropologique en mettant de l'objet, des pratiques de vies ordinaires dans l'approche intellectuelle des sociétés rurales. En intitulant cette édition, les "paysans" et non la "paysannerie", la dimension humaine et les acteurs sont privilégiés. Cette nouvelle méthodologie se fonde sur des enjeux économiques et des perspectives spatiales. Et les paysans offrent un point d'observation du rapport à l'espace que la société française a perdu. "Parler des paysans, insiste Vincent Duclert, directeur de recherche en histoire à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, c'est prendre conscience de soi." D'où l'occasion, à Blois, de poser de nouvelles questions et de rapprocher plusieurs disciplines d'études des paysans afin de renouveler l'historiographie.

    D'où un troisième défi, celui du décloisonnement de l'histoire. En accordant la présidence de cette édition à l'écrivain et économiste Erik Orsenna, membre de l'Académie française, et la responsabilité de la séance inaugurale à la géographe Sylvie Brunel, les historiens n'ont pas voulu seulement exprimer leur gratitude envers deux auteurs connus pour leurs travaux sur les enjeux de la globalisation, ils ont su éviter le risque d'enfermer leur réflexion dans le carcan de l'histoire nationale au profit de l'histoire globale.

    Signe de cet esprit d'ouverture, le Grand Prix 2012 des Rendez-vous de l'Histoire a été décerné à Romain Bertrand, auteur de L'Histoire à parts égales. Récits d'une rencontre Orient-Occident .

    Dernier défi, celui de la complexité d'un secteur agricole en pleine révolution écologique, alors que la paysannerie se meurt et que les Européens s'apprêtent à ouvrir les négociations de la politique agricole commune 2014-2020. Faut-il produire plus pour nourrir les 850 millions d'affamés dans le monde ou renoncer au modèle productiviste ? Et comment y parvenir sans détruire la planète avec 9 milliards d'habitants sur Terre en 2050 ? Cette entrée des paysans dans l'Histoire, insistent Sylvie Brunel et Erik Orsenna, doit s'établir sur la primauté de la recherche scientifique contre l'idéologie, dénonçant au passage les effets négatifs du principe de précaution et en appelant à changer notre regard sur les paysans, seuls capables de relever le défi du développement durable. "Il faut produire plus avec moins et mieux", insiste Sylvie Brunel, favorable à une agriculture de précision, sans rien exclure d'emblée et en dépassionnant le débat (OGM, semences, filières), car il n'existe pas de solution miracle.

    Alors nouvelle utopie ou mutation réalisable ? Les puissances publiques seraient inspirées de répondre vite à cette question car, au rythme où disparaissent les exploitations agricoles dans le monde - une toutes les deux secondes -, l'insécurité alimentaire creuse son sillon avec famines, exode rural, bidonvilles et guerres. La guerre justement, qui sera en 2013 le thème de la 16e édition des rencontres de Blois, précédant ainsi le déploiement des célébrations du centenaire de la Grande Guerre. Manière de revisiter le quotidien du soldat laboureur, plus décidé à défendre la terre, sa terre.

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